Avec 45,21 % des voix, pour le député sortant écologiste et candidat à sa succession, Charles Fournier, la gauche confirme son ancrage dans la ville centre d’Indre-et-Loire. Un succès qui reste à confirmer dimanche prochain lors du 2e tour des Législatives, face au candidat de l’ex-majorité présidentielle « Ensemble ! », Benoist Pierre.
Depuis la victoire d’Emmanuel Denis à la tête de la ville en 2020, Tours se drape régulièrement de couleur verte lors des élections. En 2021, lors des élections Départementales, l’union de la gauche réussissait à remporter deux cantons, avec pas moins de trois élus écologistes et un socialiste. Lors des Régionales la même année, la liste écologiste menée par Charles Fournier obtenait 21,3% des voix au premier tour, avant de fusionner avec celle du socialiste François Bonneau au second tour (vainqueur finalement du scrutin). L’année suivante, en 2022, Charles Fournier, issu du même parti EELV que le maire de Tours, remportait les Législatives face au député sortant macroniste, Philippe Chalumeau. De bons résultats confirmés par ceux du 1er tour des Législatives 2024 donc.
Si chaque élection a ses propres enjeux et qu’il n’est pas forcément toujours pertinent de comparer les scores, néanmoins, la répétition des bons résultats des écologistes, associés avec les autres partis de gauche dans des unions, n’est pas anodine. Loin des critiques dont le maire de Tours est régulièrement la cible de la part de ses opposants politiques, on peut y voir ainsi un signe que la politique menée séduit les habitants et électeurs tourangeaux.
Ce dimanche soir, Charles Fournier évoquait d’ailleurs « un ilot de résistance » face à la poussée du RN partout, qui a qualifié quatre candidats au second tour en Indre-et-Loire dans les autres circonscriptions. « Avec ce score on montre que c’est possible, mais ce n’est pas le fruit du hasard. Je pense que c’est aussi par le travail qui a été effectué que l’on arrive à cela » expliquait le député sortant en prenant soin d’inclure la majorité municipale à cette analyse.
Mais si le RN sera absent du 2e tour, pourtant ici aussi il fait une poussée dans les urnes. En 2022, le RN par l’intermédiaire de François Ducamp (depuis parti sur la 5e circonscription jugée gagnable pour le parti de Jordan Bardella) avait réalisé un score de 9,33% des voix. Cette année, sa candidate Lisa Garbay obtient 18,8 % des suffrages exprimés, proche de se qualifier pour le 2nd tour. Un score qui confirme donc que le RN est désormais capable d’engranger des soutiens importants dans des villes pourtant peu réputées favorables. Le RN perce notamment dans les quartiers de Tours Sud et Tours Nord (y compris sur la partie de la ville qui dépend de la 5e circonscription). A l’inverse de ce qu’on écrivait plus haut, on peut analyser en partie ces scores par un mécontentement de la politique municipale d’Emmanuel Denis, jugée trop axée sur le centre-ville.
Du côté des centristes, la qualification de Benoist Pierre au 2e tour était attendue. Restait à savoir l’écart qui allait y avoir avec Charles Fournier. Finalement celui-ci est conséquent puisque le candidat « Ensemble » obtient 24,33% des voix, à plus de 20 points du candidat du Nouveau Front Populaire. Le candidat membre d’Horizons évoquait une dynamique de terrain importante, mais aussi des considérations nationales qui l’ont pénalisé pour expliquer son score.
Entouré par ses soutiens et notamment des jeunes qui ont fait campagne pour lui, Benoist Pierre se montrait combatif néanmoins dimanche soir, appelant « à la raison » les électeurs de droite mais aussi de gauche « qui refusent Mélenchon comme premier ministre ». La stratégie de Benoist Pierre est claire : attaquer l’union de la gauche et notamment la présence de la France Insoumise et ainsi dénoncer une alliance jugée dangereuse.
Au-delà du temps législatif qui se joue, pour Benoist Pierre, cette élection est aussi l’occasion de s’affirmer pour la suite et notamment l’élection municipale qui arrive dans deux ans. Un score « haut » assoirait sa position comme leader potentiel de l’opposition à Emmanuel Denis. C’est là, l’un des objectifs de cette campagne pour lui.
