Législatives en Touraine : le résumé d’une campagne pas comme les autres

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Ce vendredi 28 juin c’est l’ultime jour de la campagne pour le 1er tour des élections législatives anticipées. Dimanche, 444 000 électrices et électeurs d’Indre-et-Loire sont appelés aux urnes pour élire les 5 députés du département. 31 candidates et candidats vont tenter de se qualifier pour le 2e tour du 7 juillet, le tout seulement 3 semaines après la fin de campagne des élections européennes. Un marathon politique imprévu que l’on revit ici en express.

Lors de la campagne des élections européennes, le camp présidentiel avait envoyé une batterie de ministres en Touraine. Objectif : saturer l’actualité pour faire parler de sa tête de liste Valérie Hayer. Installé à Bercy depuis 7 ans, le médiatique Bruno Le Maire s’était notamment rendu à Vouvray. Un défilé qui n’a pas permis aux Macronistes de briller dans les urnes tourangelles au soir du 9 juin. Certes, l’alliance centriste a réalisé un meilleur score qu’au niveau national avec 16,8% mais elle termine 12 points derrière le Rassemblement National, de quoi faire tanguer les 4 postes de députés acquis en 2022.

C’est simple : à écouter les observateurs de la vie politique locale, Daniel Labaronne, Sabine Thillaye, Fabienne Colboc et Henri Alfandari ont tous du souci à se faire. Si la plus menacée semble être la députée MoDem de la 5e circonscription, talonnée par le RN, l’élue du Chinonais est plus que chatouillée par la gauche, et les 2e et 3e inscriptions sont si indécises que personne ne cherche vraiment à faire de pronostics. Quant à la ville de Tours, la 1ère circonscription, le Macroniste Benoist Pierre ne part pas favori face à l’écologiste sortant Charles Fournier. Celui-ci ne sera sûrement pas réélu dans un fauteuil, mais la dynamique est plutôt en sa faveur (il revendiquait, par exemple, 500 personnes lors d’un meeting organisé mercredi soir à l’Hôtel de Ville).

En face, l’actuelle majorité parlementaire tente de convaincre qu’elle ne baisse pas les bras. Et s’il a fallu dix jours pour qu’elle se réveille, elle a diligenté 3 poids lourds en Indre-et-Loire pour la dernière ligne droite avant le 1er tour : François Bayrou pour le Bourgueillois, Edouard Philippe pour soutenir Henri Alfandari et le 1er ministre Gabriel Attal en personne mercredi auprès de Daniel Labaronne, Fabienne Colboc et Benoist Pierre. La ministre Sylvie Retailleau a complété le tableau à Avoine mercredi soir puis à Chinon jeudi matin.

Cette mobilisation montre que l’Indre-et-Loire reste un territoire important pour Renaissance et ses alliés. Un cas d’ailleurs assez unique dans la région Centre-Val de Loire. Sauf que, comme au niveau national, la dynamique semble s’effriter et qu’on se demande bien quel est l’impact réel de ces visites de terrain, hormis booster un peu le moral des troupes militantes.

En face, le Rassemblement National n’a invité aucun ténor en Touraine. Ni aux Européennes, ni pour les Législatives. Le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella mise sur la dynamique nationale qui fait le travail pour lui, lui offrant une base militante en expansion sur le département. De quoi labourer marchés et événements, ainsi que les réseaux sociaux qui lui sont favorables (comme TikTok et Instagram). Le tout en rajeunissant ses rangs et en tentant d’éteindre le plus vite possible la moindre polémique.

Ainsi, la responsable des jeunes RN37 a été exfiltrée pour avoir pactisé avec l’association identitaire Des Tours et des Lys alors qu’elle était pressentie pour se présenter pour la députation à Tours. A part ça, et des critiques pour avoir pris pas mal de responsabilités dans le milieu associatif amboisien, la présence publique du RN tourangeau s’avère relativement lisse… à l’inverse d’autres départements où de gros lièvres ont encore été découverts dans les rangs du parti (un suppléant loirétain accusé de propos sexistes, racistes et antisémites sur les réseaux sociaux).

Entre les deux, la droite « traditionnelle » ou « Gaulliste » tente d’exister. Sur le Chinonais, Sophie Lagrée s’est par exemple vantée d’un soutien vidéo de Xavier Bertrand, le populaire président de la région Hauts de France. En dehors de ça, Les Républicains et ses proches peinent à se faire entendre. Il faut dire que les candidats investis sont clairement les seconds couteaux (des jeunes qu’on lance pour leur première grande campagne) et que le bazar déclenché par Eric Ciotti désireux de s’allier au RN + l’embouteillage de candidatures de droite sur la 3e circonscription (avec un ami d’Eric Ciotti parachuté, le maire de St-Pierre-des-Corps + son adjoint à l’Education en challenger) ont achevé de parasiter le débat de fond.

Face à tout cela, la gauche part optimiste. D’abord, elle a assez facilement bouclé son alliance avec deux candidates LFI, un écologiste, un socialiste et une communiste. Ça n’a pas fait plaisir à tout le monde – le PS lorgnait sur le territoire d’Amboise, et l’ex-socialiste Alain Dayan a posé une candidature dissidente à Tours – mais globalement les frustrations n’ont pas fait trop de vagues et ne devraient pas briser la dynamique du Nouveau Front Populaire qui s’appuie sur une communication numérique dynamique (avec affiches humoristiques) et 2 à 3 manifestations dans la rue par semaine, réunissant entre 300 et 2 000 personnes.

Est-ce que ça suffira pour gagner ? En coulisses, il se murmure que le NFP se voit bien remporter un ou deux sièges de plus à l’issue de cette campagne tourangelle. Dans les faits, rien n’est acquis. Même si la participation est annoncée en hausse, on ignore à qui profitera cette dynamique. Par ailleurs, le fait que le cas Jean-Luc Mélenchon soit au centre de l’attention des médias nationaux est une grosse épine dans le pied de l’alliance de gauche, car l’ancien candidat à la présidentielle fait office de repoussoir pour beaucoup… y compris dans le camp des sympathisants du programme.

Il sera bien temps début juillet de faire le bilan politique de cette double campagne qui a repolarisé la vie politique en express, réduisant le paysage à 3 blocs, et ne laissant que des miettes à ceux qui refusent les alliances. On peut tout de même constater une chose : le débat d’idées semble reprendre un peu de galon, en témoigne par exemple la bonne audience de la soirée politique organisée mardi par TF1 (5,5 millions de personnes devant leur écran), ou l’affluence nourrie d’un débat organisé par « La Table des Citoyens », une association tourangelle.

Alors que les réunions publiques ont plutôt tendance à rameuter toujours le même public vieillissant, cette dynamique en faveur du fond ne peut être que bénéfique pour la démocratie, pour peu qu’elle perdure dans le temps. Aux élus, candidats et médias de faire le nécessaire pour que la forme et les polémiques ne trustent pas tout le temps d’antenne.

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